Taxe carbone : quels pays affichent la taxe la plus élevée aujourd’hui ?

0
Homme d'affaires regardant la pompe à essence en Europe

Quand la Suisse taxe le CO₂ à plus de 130 euros la tonne, elle ne fait pas dans la demi-mesure. Ce tarif pulvérise la moyenne européenne, laissant nombre de ses voisins loin derrière. La Suède, elle, grimpe à 137 euros sans voir ses usines s’évaporer vers d’autres cieux, alors que certains mastodontes industriels rechignent à franchir la barre des 50 euros.

Les systèmes adoptés par chaque pays n’ont rien d’uniforme. Certains optent pour une taxe carbone simple, d’autres combinent ce prélèvement à de vastes marchés d’échange de quotas. Si les écarts de prix entre pays ne se réduisent pas à une simple question de PIB, ils révèlent surtout des choix politiques affirmés et des compromis souvent obtenus sous la pression de lobbies économiques tenaces.

À quoi sert la taxe carbone et comment fonctionne-t-elle ?

La taxe carbone frappe directement les émissions de gaz à effet de serre issues de la combustion d’énergies fossiles. Le principe est limpide : polluer coûte. Plus une activité émet de CO₂, plus la facture grimpe. Cette mécanique vise à bouleverser les habitudes, à rendre charbon, pétrole et gaz moins attrayants, et à entraîner de force ou d’envie la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables.

Pour la mise en pratique, deux grandes approches sont en concurrence :

  • Certains pays choisissent une taxe directe sur les carburants fossiles, calculée selon la teneur en carbone.
  • D’autres préfèrent instaurer un marché du carbone, où les quotas d’émissions s’achètent et se revendent selon la fameuse règle du “cap and trade”.

Une chose est acquise : chaque tonne de CO₂ a un prix, qui varie sensiblement selon les politiques nationales. Cette tarification est plus qu’un simple moyen de pression sur les acteurs : elle remplit aussi les caisses de l’État et offre des marges de manœuvre. Les recettes issues de la taxe carbone servent à financer la transition énergétique, la rénovation thermique des logements, ou encore à soutenir les familles exposées à la précarité. Les débats sur la redistribution s’imposent partout, de la France au Canada en passant par la Suède. Le dosage social fait souvent toute la différence dans l’acceptation d’une fiscalité verte et dans le rythme du désengagement vis-à-vis des combustibles fossiles. Au bout du compte, la taxe s’inscrit dans un ensemble de mesures pour limiter le changement climatique.

Panorama mondial : quels pays appliquent aujourd’hui une taxe carbone ?

La taxe carbone fait partie intégrante de la stratégie climatique de nombreux pays. Les États nordiques, souvent pionniers, l’ont instituée dès les années 1990. La Suède tient la tête avec un prix du carbone dépassant désormais les 120 euros la tonne. La Finlande et le Danemark suivent la cadence avec une ambition constante de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En Europe, la France a opté pour une taxe carbone depuis 2014, mais elle est plafonnée : 44,60 euros la tonne, gelée à cause d’une opposition sociale massive. En Allemagne, la montée s’effectue progressivement : 25 euros la tonne au départ, une progression décidée par étapes.

De l’autre côté de l’Atlantique, le Canada applique une tarification adaptée à chaque province. La Suisse vise près de 100 euros la tonne pour les combustibles. D’autres pays, comme l’Irlande ou encore le Japon, proposent aussi leur version de la taxe, dans une fourchette plus modérée.

Ce paysage hétérogène repose sur une différence de mécanismes :

  • Certains ont opté pour une taxe simple et directe, facile à appliquer et à contrôler.
  • D’autres préfèrent établir leur marché d’échange de quotas et imposer un plafond global d’émissions qui s’ajuste au fil des années.

Cette mosaïque de politiques traduit la diversité des réponses apportées à l’urgence climatique et la nécessité constante de concilier objectifs écologiques et acceptation par la population.

Les champions de la taxe carbone : qui affiche les niveaux les plus élevés et pourquoi ?

La Suède assume sans détour son leadership : plus de 120 euros la tonne, une fiscalité mûrement réfléchie et des mesures qui orientent clairement la société vers les énergies renouvelables. L’effet est net : la consommation de combustibles fossiles a été divisée par deux depuis l’introduction de la taxe.

Les autres pays européens maintiennent leurs efforts à des niveaux plus bas. En France, une tentative d’aller plus loin s’est heurtée à un mur social. Le plafond n’a pas bougé. L’Allemagne, elle, avance à petits pas, privilégiant la progressivité sur la brutalité.

Le Canada illustre une autre voie : sa taxe, variable selon les provinces, incrémente l’effort climatique sans provoquer un choc frontal. La Suisse, quant à elle, figure parmi les têtes d’affiche avec un tarif proche des 100 euros.

D’où ces écarts marqués ? Les pays scandinaves, surtout, ont réussi à associer fiscalité, redistribution et transparence. Les recettes servent vraiment la transformation énergétique, renforcées par un contrat clair entre le politique et la société. Cette pédagogie et cette confiance publique permettent d’avancer. Dans d’autres contextes, le spectre d’un carburant trop cher bloque la montée du prix du carbone et relance l’éternel débat sur le coût de la transition.

Jeune femme avec vélo devant panneau de taxes carbone à Stockholm

Quels impacts concrets sur l’environnement et l’économie dans les pays les plus ambitieux ?

Dès qu’un pays porte la tarification carbone à un niveau élevé, les effets se mesurent. Prenons le cas suédois : en l’espace de trois décennies, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de près de 30 % sans freiner la croissance. Ce revers de fortune pour les émissions est rendu possible par l’investissement massif des recettes fiscales dans des secteurs clés : rénovation énergétique, déploiement massif des énergies renouvelables, et transports en commun modernisés.

Parmi les effets directs que l’on retrouve dans les États les plus volontaristes :

  • Un recul durable de la dépendance aux combustibles fossiles, tiré notamment par l’essor de la biomasse et de l’hydroélectricité.
  • Un stimulus puissant à l’innovation pour transformer la production industrielle.
  • Des soutiens ciblés vers les ménages à faibles revenus, avec des systèmes de compensation qui atténuent l’effet de la taxation verte.

Au Canada, l’attribution d’un crédit d’impôt dédié aux ménages modestes pour compenser la hausse des coûts montre ce qu’une redistribution bien pensée peut apporter. Du côté suisse, l’effort se concentre sur la modernisation des bâtiments et l’expansion des énergies propres.

Les expériences convergent : là où la taxe carbone est assumée et bien articulée, la baisse des émissions devient rapide et tangible, sans briser l’économie locale ni le tissu social. Le sort du climat se joue dans ce subtil dosage entre fiscalité, innovation et redistribution.

Au fil des décisions et des débats, chaque hausse du prix du carbone dessine déjà les contours de nos lendemains.